Publications Journal des Savants : Janvier-Juin 2017
190 p., 41 ill.
Parution : juin 2017
Présentation
« Les mines d’or des Ptolémées : d’Agatharchide aux archives de Photios », par Didier Marcotte.
Actif à Alexandrie d’Égypte au milieu du IIe siècle av. notre ère, Agatharchide de Cnide est un des historiens les plus originaux de la période hellénistique. Son ouvrage intitulé Sur la mer Érythrée embrassait en cinq livres une géographie et une ethnographie des régions australes de la terre habitée, menée depuis le Nil et la mer Rouge, à l’époque où les Ptolémées cherchaient à contrôler les routes maritimes vers le Sud. L’auteur y développait une réflexion sur les communautés humaines les plus proches de l’état de nature, sur les rapports de l’homme à l’animal, sur les premières formes d’organisation sociale et, a contrario, sur l’exploitation par les Lagides des ressources du sol ou le raffinement de la civilisation sudarabique. Il reste de larges extraits du livre V de ce traité chez Diodore de Sicile et Strabon, ainsi que dans la Bibliothèque de Photios (cod. 250). Les pages que l’auteur a consacrées au travail dans les mines d’or du désert oriental d’Égypte comptent parmi les plus fameuses, en raison de leur intensité dramatique et de la précision technique avec laquelle sont décrites les étapes de la préparation de l’or. Dans l’Antiquité tardive et à Byzance, elles ont contribué à faire d’Agatharchide une des sources les plus anciennes de la « chrysopée », comme le montrent les emprunts à cet auteur chez les alchimistes à partir de Zosime de Panopolis. L’article évalue en particulier l’apport de la tradition alchimique à l’établissement du texte de l’historien et situe le Marcianus gr. 299 dans le stemma de la Bibliothèque de Photios.
« Autour des Appii d’Asie : réseaux familiaux, ascension sociale, carrières et cités au cours du IIIe siècle », par Michel Christol et Anne-Valérie Pont.
La publication récente de documents et des rapprochements prosopographiques nouveaux sur la famille d’Appius Alexander, connu comme procurateur d’Asie puis gouverneur de Lyonnaise au milieu du IIIe siècle, permettent de réfléchir aux attaches familiales et aux étapes des carrières de tous les personnages qui sont à présent impliqués. Entre Afrique et Asie, une histoire des alliances matrimoniales, des patrimoines fonciers et enfin l’ascension dans la notabilité municipale et dans l’aristocratie impériale se dessinent sur plusieurs générations. On peut mettre en lumière des relations inter-provinciales entre élites carthaginoises et éphésiennes et placer cette famille, qui inclut l’ancien préfet d’Égypte devenu correcteur d’Asie Appius Sabinus, parmi celles qui lui sont contemporaines en Asie. L’histoire administrative de l’empire romain en Asie au milieu du IIIe siècle est également précisée.
« L’invention des armoiries en contexte. Haute aristocratie, identités familiales et culture chevaleresque entre France et Angleterre. 1100-1160 », par Jean- François Nieus
aisant suite aux travaux de Michel Pastoureau sur les origines de l’héraldique, la présente étude propose une révision de la « phase d’apparition » des armoiries, principalement fondée sur un nouveau catalogue des plus anciens sceaux porteurs d’emblèmes héraldiques ou proto-héraldiques (présenté en 1re partie). Les données nouvelles invitent tout d’abord (2e partie) à réaffirmer l’existence d’un berceau septentrional de l’héraldique, localisable dans l’est de la Picardie (à partir des années 1110), puis également dans le sud de l’Angleterre (après 1130). Ce sont quelques grandes familles aristocratiques de ces deux régions d’Occident, alliées entre elles, qui ont lancé la mode au sein de la haute noblesse. Il apparaît ensuite (3e partie) que, dès l’origine, les armoiries ont revêtu la signification familiale qui sera celle du système héraldique classique. Autour des premiers emblèmes se sont ainsi développés des « groupes héraldiques » dont le réexamen dévoile une conception très ouverte de la parenté, mêlant lignage et parage, agnats et cognats. L’étude confirme enfin (4e partie) que l’invention des armoiries n’est pas une réponse à de nouveaux besoins militaires, mais un corollaire de l’essor des tournois en France du nord et en Angleterre. Elle participe comme ce dernier de l’émergence de la culture chevaleresque après 1100, en y insufflant toutefois l’élitisme de la haute aristocratie de souche carolingienne, soucieuse de se démarquer du tout-venant de la chevalerie. Un descriptif détaillé de dix-sept sceaux armoriés antérieurs à 1150 est proposé en annexe.
« Eugène Burnouf et sa traduction du Bhāgavata Purāṇa », par André Couture, correspondant étranger de l’Académie.
Alors que les travaux d’Eugène Burnouf (1801-1852) sur les manuscrits bouddhiques et iraniens sont depuis longtemps reconnus, sa traduction du Bhāgavata Purāṇa n’a pas été suffisamment remarquée. Cet article s’interroge sur les raisons pour lesquelles Burnouf a choisi ce texte à une époque où les Purāṇas étaient encore peu connus en Occident. En plus des renseignements épars dans ses autres livres, ses articles et ses lettres, les longues préfaces dont il a accompagné ses trois volumes d’édition et de traduction restent une source d’information irremplaçable. Il ressort de cet examen que Burnouf a vite perçu les Purāṇas comme des encyclopédies autant des croyances populaires que de la science indienne, et donc comme des textes permettant de connaître et de faire connaître l’Inde réelle par-delà les systèmes extravagants dans lesquels certains érudits occidentaux voulaient l’enfermer. La conception que Burnouf se faisait du travail scientifique et le fait que Paris en possédait les meilleurs manuscrits ont également milité en faveur du choix de ce Purāṇa.
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