Publications Journal des Savants : Janvier-Juin 2019
214 p., 27 ill.
Parution : juin 2019
Présentation
« En jouant avec les poupées russes : 88 manuscrits grecs de Gabriel Naudé, dont 50 de Guillaume Sirleto, dont certains de Marcel Cervini, dont 2 d’Ange Colocci », par don Giacomo Cardinali.
En suivant les traces des achats faits à Rome par Gabriel Naudé, qui y était en quête de volumes pour la bibliothèque personnelle de son patron, le cardinal Jules Mazarin, on découvre qu’il lui arriva d’enrichir sa propre collection avec des manuscrits provenant des ducs d’Altemps, parmi lesquels se trouvaient ceux qui avaient appartenu aux cardinaux Guillaume Sirlet et Marcel Cervini : plus de la moitié des volumes grecs de Naudé révèle cette provenance et a apporté à la Bibliothèque nationale de France, où la collection se trouve encore aujourd’hui parmi les Parisini graeci, un bon nombre de copies grecques sur papier datant de la première moitié du XVIe siècle.
« Références à l’Antiquité dans les inscriptions médiévales », par Robert Favreau, correspondant de l’Académie
Il n’est pas rare de trouver dans les épitaphes des références à de grands personnages de l’Antiquité auxquels le défunt est comparé, éloquent comme Cicéron, sage comme Caton, etc. Dans bien d’autres types d’inscriptions, coupes, tapisseries, stalles, etc., on a des renvois à ces personnages, à des sentences qui leur sont attribuées. Enfin on cite directement des passages d’auteurs de l’Antiquité ; en outre on a christianisé des oeuvres de basse antiquité, Physiologus, Oracles sibyllins, qui ont eu une grande fortune. Pour qui s’intéresse à la connaissance de l’Antiquité au Moyen Âge, les sources épigraphiques ne doivent pas être négligées, d’autant plus qu’elles donnent des repères chronologiques et géographiques utiles.
« Quand le monde était déjà « ouvert » : Venise et l’empire des Moutons-Blancs », par Élisabeth Crouzet-Pavan, correspondant de l’Académie
Les années qui suivent la prise de Constantinople sont marquées par une intense activité diplomatique qui voit les différentes puissances chrétiennes tenter de nouer une alliance contre les Ottomans, y compris avec la nouvelle force dominante en Perse, celle des Moutons-Blancs d’Uzun Hasan. Le propos est ici, après un bref rappel de la donne géopolitique de ce dernier tiers du XVe siècle, d’analyser quel fut alors le jeu politique vénitien. Ces contacts diplomatiques intenses entre le monde chrétien et l’Orient moyen perse font resurgir une trame de relations plus anciennes, faite d’échanges commerciaux actifs et de circulations bien établies. Dans ce contexte, les dernières décennies du XVe siècle témoignent d’un moment où existaient des points de connexion des grandes aires politiques et économiques médiévales. La cour du khan de l’empire des Moutons-Blancs, où les Vénitiens pouvaient croiser des ambassadeurs indiens porteurs de lettres de créance et rencontrer des émissaires turcs ou tatars, fut l’un de ces lieux où les mondes se raccordaient.
« À propos des inscriptions enregistrant des fondations de temples en Inde classique : l’exemple des temples Pallava (Inde du Sud) », par Sylvain Brocquet
Cette étude porte sur les treize inscriptions de dédicace de temple gravées sur les parois des sanctuaires consacrés par des souverains de la dynastie méridionale des Pallava, entre le VIIe et le début du VIIIe siècle ap. J.-C. Après un inventaire minutieux de ces textes – qui sont reproduits et traduits intégralement ou dans leur partie relative à la dédicace –, le formulaire qu’ils emploient fait l’objet d’une analyse, qui conduit à la conclusion qu’il existait une formule de dédicace, aux caractères phraséologiques stables, qui a été progressivement enrichie d’expansions diverses, affectant chacun des actants en présence – le roi fondateur, le dieu bénéficiaire, le temple ou l’image consacrés. Une troisième section s’interroge sur la fonction des épigraphes de dédicace et, en grande partie sur la base d’une étude et d’une interprétation nouvelle de la célèbre inscription de Mahendravarman I er qui flanque le relief de Śiva Gaṅgādhara dans le temple creusé dans la roche à mi-pente de l’éminence de Tiruccirāpaḷḷi, propose l’hypothèse que l’inscription réalise la présence matérielle du souverain, qu’elle constitue en quelque sorte le « corps du roi » – avec le statut de mūrti-, « manifestation matérielle », ou de liṅga-, « marque », « signe » –, à côté de l’image ou du symbole qui réalise la présence matérielle du dieu.
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